La Française des jeux est l’instance étatique chargée de la régulation des jeux d’argent dans l’Hexagone. Pour les parieurs, il s’agit d’une vieille connaissance, mais connaissez-vous réellement l’histoire de la FDJ et des jeux d’argent en France ? 

A quand remonte l’histoire de la Française des jeux ?

L’entourage italien de Catherine de Médicis (1519-1589) a apporté le jeu de bianca en France, où il a pris le nom de jeu de blanque. En 1539, après une visite en Italie, le roi de France François 1er donna à son ami Jean Laurent la permission de faire fonctionner une loterie. Le budget français était épuisé à cause des guerres avec l’Espagne, et Laurent devait payer annuellement 2000 livres. De plus, la participation de citoyens français à des loteries étrangères avait conduit à des exportations de capitaux que le roi voulait empêcher.

Portrait de la reine noire, Cathérine de Médicis
L’histoire de la FDJ remonte au XVI ème siècle, notamment lorsque l’entourage italien de Catherine de Médicis ramène en France le jeu de bianca. Il s’agit d’un jeu de hasard et d’argent qui prendra l’appellation de blanque dans l’Hexagone.

Au cours du siècle suivant, les loteries n’apparaissent que sporadiquement. En 1656, l’Italien Lorenzo Tonti obtient une licence pour une loterie afin de financer le Pont Royal reliant la Seine, le Louvre et Saint-Germain. Le projet n’aboutit pas mais, en 1658, une loterie fut organisée pour financer l’hôpital général de Paris.

L’année suivante, une autre loterie est organisée pour le mariage du roi, et Louis XIV distribue 3000 billets aux dames de sa cour. Le roi lui-même et plusieurs membres de sa cour ont remporté des prix majeurs mais ont été contraints de les rembourser après le mécontentement populaire.

Des loteries similaires étaient tenues à d’autres occasions. De 1714 à 1729, environ la moitié des églises de Paris ont été rénovées grâce à l’argent récolté par les loteries. En 1754, une loterie pour orphelins et, en 1762, la loterie de la Pitié sont créées. Mais la loterie de l’École militaire créée en 1757 pour financer la construction de cette institution fut bien plus importante.

Quand la loterie est-elle devenue un monopole étatique en France ?

En 1776, Louis XVI monopolisa les loteries entre les mains de l’État pour compenser un déficit d’État de 37 millions de livres. Toutes les autres loteries opérant en France ont été, soit supprimées, soit intégrées dans la loterie d’Etat.

Cette nouvelle institution était gérée par des administrateurs de l’État et le personnel avait été embauché principalement à l’ancienne loterie de l’École militaire. Mais la vente des billets était laissée aux agents privés. La loterie avait deux tirages par mois et rapportait environ 10 millions de dollars de revenus annuels à l’État.

Avec la Révolution française, commence un débat critique sur la loterie. Elle n’a cependant pas été abolie immédiatement en raison de son importance pour les finances publiques. Mais la rémunération de ses directeurs, principalement des protégés de l’ancien régime, a été réduite de moitié.

En raison des critiques du public, les revenus de la loterie ont chuté. Le 15 novembre 1793, après la pression de la Commune parisienne, l’Assemblée nationale abolit la loterie. Les anciens clients se sont mis à jouer aux loteries étrangères, en particulier celle de Cologne. Peu de temps après, la décision a été reconsidérée en raison de nécessités budgétaires. Ainsi la loterie française réapparaît sous le nouveau nom de Loterie Nationale.

Comment était la Française des jeux sous Napoléon ?

Napoléon ne partage pas la méfiance instinctive de ses prédécesseurs vis-à-vis de la loterie et désigne un ancien général comme l’un de ses trois directeurs. La loterie a prospéré sous son règne. En 1804, par exemple, la loterie a produit une recette de 15 millions, qui représentait environ 2 pour cent des recettes de l’État. En 1810, la loterie a remis 24 millions au Trésor.

Cette augmentation impressionnante est cependant due à l’expansion territoriale. Napoléon a personnellement donné l’ordre de créer des filiales de la loterie française dans les pays qu’il a conquis. Cela s’est passé principalement à :

  • Bruxelles
  • Turin
  • Gêne
  • Florence
  • Hambourg
  • Rome

Cette immense opération était plutôt bien organisée, de même que l’administration française en général. Les frais administratifs représentaient environ 10% des revenus bruts, tandis que 70% étaient payés en prix et le reste revenait à l’État.

L’année 1814 a non seulement vu des désastres militaires pour les Français, mais leur loterie nationale a subi une perte pour la première fois de son existence. Au cours des années suivantes, la loterie a continué à fonctionner, mais elle était désormais limitée à la France proprement dite.

Les revenus annuels ont été légèrement inférieurs à ce qu’ils étaient auparavant (environ 9, 5 millions en moyenne). Ce qui s’explique facilement par les pertes territoriales. Mais avec une situation budgétaire en amélioration, les objections morales contre la loterie ont commencé à prendre du poids. En 1829, un certain nombre de points de vente de loteries dans les départements pauvres ont été fermés avec l’intention de protéger les travailleurs pauvres.

Enfin, le 17 mai 1836, la loterie est supprimée par la monarchie de juillet. La France a dû attendre près d’un siècle pour voir une nouvelle loterie d’État ouverte en 1933.

Logo de la Française des Jeux (FDJ)
Le logo de FDJ

Quelle est l’histoire récente de la Française des jeux ?

La Loterie nationale française voit le jour en 1933. En 1979, elle prend le nom de Société de la Loterie nationale et du Loto national (SLNLN). 10 ans plus tard, elle devient France Loto. En 1989, la société est entièrement restructurée. L’Etat accroît sa part qui passe de 51 à 72 %. Dans le même temps, la part des émetteurs de billets décroît de 49 à 20 %. Les courtiers et les employés entrent au capital de France Loto. Le capital de l’entreprise fait un bon et passe de 20 à 500 millions de francs français. En 1991, France Loto change de nom et devient la Française des jeux (FDJ)

Avec l’avènement de l’union Européenne et des nouvelles technologies, le principe de territorialité et le monopole étatique sont quelques peu bousculés. Les entreprises de paris en ligne entrent en concurrence directe avec la Française des jeux. Ensemble, les loteries nationales de plusieurs pays européens créent Euro Millions. En 2005, la Française des jeux a rapporté 2.330.000.000 € dans les caisses de l’État français.

Le 28 octobre 2009, l’entreprise décide d’utiliser FDJ comme marque et se dote d’un nouveau logo. En 2010, le monopole d’État sur les jeux d’argent est aboli en France et le marché s’ouvre à la concurrence. En décembre 2017, l’État français décide de privatiser la FDJ. Cette volonté est actée en 2019. La participation de l’État passe alors de 72% à 20%.